mercredi 27 juillet 2011

L'exécution du duc d'Enghien, une conséquence directe des complots royalistes de 1804.


Souvent présentée comme un crime, l'exécution du duc d'Enghien est surtout le résultat du jusqu'au-boutisme et de l'amateurisme de certains cercles royalistes, ainsi que de de sa propre inconséquence.


Début 1803, les agents royalistes Hyde de Neuville et Georges Cadoudal conçoivent le projet chimérique de déclencher en France une insurrection générale après avoir au préalable assassiné Bonaparte. Financée par l'or britannique, la conspiration s'organise. 

Le 30 août 1803, les complices de Cadoudal l'accueillent à Paris. Le 16 janvier suivant, Pichegru les rejoint. Le 28, les deux hommes rencontrent Moreau pour le sonder. 

Peu après, la police française, informée de longue date de l'existence du complot, se saisit de deux proches de Cadoudal puis procède à une vague d'arrestations qui culmine avec la capture du chef chouan, le 9 mars. 

Interrogés, les conjurés révèlent un fait qui trouble Bonaparte : un Bourbon doit entrer en France bientôt. Mais lequel ? 

Les soupçons se portent sur le duc d'Enghien, qui réside à Ettenheim, un village du pays de Bade proche de la frontière. On connait ses relations avec les ennemis du régime ; on croit savoir que Dumouriez lui rend visite ; on signale, en partie à tort, des rassemblements d'émigrés autour d'Ettenheim. Un courrier de l'ambassadeur d'Angleterre, intercepté, confirme les révélations des conspirateurs et achève de convaincre le Premier consul. 

Le 10 mars 1804, un conseil de gouvernement réunit les trois consuls, Talleyrand, Fouché et le ministre de la Justice. L'enlèvement du duc est décidé. Fouché et Talleyrand sont ravis. Le premier espère une rupture définitive entre les royalistes et Bonaparte ; le second le renforcement de sa position. 

Un détachement de gendarmerie, sous les ordres du général Ordener, est chargé de l'opération. Il franchit le Rhin dans la nuit du 14 au 15 mars et s'empare du duc au petit matin. 

Le prisonnier se montre confiant dans sa prochaine libération. Pourtant, le 20, un arrêté ordonne son renvoi devant une commission militaire, pour des charges passibles de la peine de mort. Le même jour, à 23 heures, le duc arrive à Vincennes. Une heure plus tard la commission se réunit. Après avoir réclamé sans succès une entrevue avec Bonaparte, l'accusé accepte de répondre aux questions de la commission. Ses réponses rendent la sentence inéluctable : il reconnait avoir porté les armes contre la France et reçu de l'argent de l'Angleterre. Ses juges le déclarent coupable à l'unanimité et le condamnent à mort. En contravention formelle avec la loi, la sentence est aussitôt exécutée dans les fossés du château de Vincennes.

Cette mort bouleverse l'opinion. Mais quelques réactions courageuses, comme celle de Chateaubriand, ne font que souligner la lâcheté des chancelleries européennes qui se taisent ou approuvent. 

La rupture entre Bonaparte et les Bourbons est consommée. Le comte de Provence, isolé comme jamais, réaffirme ses prétentions mais Bonaparte, lui, profite des événements pour se faire offrir une couronne. L'exécution du duc, une faute selon certains, met fin pour longtemps à tout activisme royaliste.


Pour en savoir plus sur l'exécution du duc d'Enghien

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